Si Charlie Dalin en a donc terminé la nuit dernière et que Boris Herrmann se prépare à faire de même en milieu d’après-midi ce dimanche, le reste de la flotte continue de s’arracher les cheveux sur l’eau. Ceux qui avaient choisi de contourner l’anticyclone par le sud de l’archipel de Açores devraient en principe désormais pouvoir rejoindre Les Sables d’Olonne sur un seul et même bord. Reste qu’entre la théorie et la réalité, les choses sont souvent bien différentes, ainsi que l’a confirmé Jérémie Beyou lors de la vacation officielle. « Le vent serait plus stable, ce serait mieux ! Le temps est gris, le ciel est chargé et le vent oscille beaucoup. Il bascule régulièrement de 20° et passe allégrement de 10 à 20 nœuds. C’était pire la nuit dernière. C’est très sollicitant et ça ne ressemble en rien au grand schuss que je m’attendais à débuter aujourd’hui », a déploré le skipper de Charal qui doit donc rester pleinement concentré, même s’il est parvenu à faire un break de plus de 35 milles sur Thomas Ruyant (VULENRABLE) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) depuis hier. « Je savais que les derniers virements de bord, cette nuit, seraient importants. Je me suis vraiment appliqué à progresser un peu plus à l’Est qu’eux de façon à être vraiment en pointe devant eux une fois en bâbord amure. Je suis content d’avoir réussi à créer un écart. Je ne sais pas si ma petite avance garantit quoi que ce soit mais je suis à fond et je ne lâche pas les écoutes. Je sais que depuis quelques jours, à chaque fois que je pense avoir pris un avantage, ça revient et qu’il faut constamment en remettre une ! », a ajouté le Finistérien qui compte bien assurer sa place sur le podium mais qui reste donc prudent d’autant que Sébastien Simon a créé un petit décalage au nord qui pourrait, à terme, être intéressant. Sans doute pas suffisant pour lui souffler la troisième place mais peut-être assez pour griller Thomas Ruyant sur le fil.
L’anticyclone continue de descendre
Plus en arrière, la situation demeure encore bien plus incertaine. Et pour cause, l’anticyclone prend ses aises vers le Sud. Les solitaires partisans de la route médiane font tout leur possible pour réussir à s’en extirper au plus vite mais si Nicolas Lunven (Holcim – PRB), Maxime Sorel (V&B – Monbana – Mayenne) et quelques autres devraient commencer à y voir plus clair ce soir, la plupart des autres risquent bien de se retrouver littéralement englués d’ici à demain. Pour s’en sortir en perdant le moins de plumes possibles, certains ont pris le parti de s’attaquer à cette zone fermée de hautes pressions atmosphériques par la face nord tandis que d’autres, à l’image de Violette Dorange (DeVenir) tentent de piquer franchement vers le sud pour essayer de trouver davantage d’air frais. « Il a le choix entre jouer l’angle ou jouer la pression. J’ai fait le pari de la pression mais honnêtement, c’est dur de savoir à quoi s’attendre. De savoir si on va avoir une énorme molle ou pas », a relaté la navigatrice dont les vitesses sont, tout comme le vent, particulièrement erratiques. « Ce qui me remonte le moral, c’est de voir des concurrents autour. J’ai retrouvé Romain Attanasio (Fortinet – Best Western) ce matin et je sais que Yannick Bestaven (Maître CoQ V) n’est pas loin. Ce n’est pas le moment de lâcher même si ça commence à être un peu épuisant de composer avec de la pétole depuis si longtemps. Cette transat dure bien plus longtemps que prévu », a souligné Violette qui doit, comme ceux qui l’entourent, commencer à faire les comptes. Rationner à la fois sa nourriture et son eau. « J’ai compté le nombre de plats qu’il me reste. J’ai la chance d’avoir à bord tout ce que je n’ai pas mangé sur la transat aller et heureusement parce que ça me fait pas mal de jours en rab. Pour l’eau, je fais plus attention car j’ai un dessalinisateur qui ne fonctionne pas et l’autre qui marche très lentement », a indiqué la Charentaise. Même son de cloche ou presque du côté de Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family). « Il ne me reste plus grand-chose à manger donc je me limite un peu. Ce n’est vraiment pas simple. Je me bats pour essayer de trouver un petit trou pour sortir de là mais pour l’instant je ne trouve pas la solution. C’est un peu dur pour les nerfs. Je ne sais pas combien de temps ça va durer cette histoire mais j’ai hâte de trouver la sortie de ce truc », a relaté le Sablais dont l’ETA, comme celles de ses adversaires directes, ne fait que reculer d’autant que de nouvelles complications pourraient naître dans le golfe de Gascogne en milieu de semaine. « Cette traversée, c’est un chemin de patience et c’est un bon exercice pour le mental », a conclu très justement Violette Dorange.